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Arrivé devant une porte, Sam gratta le bois avec fureur !

— Sagababa, es-tu là ? cria Saindoux.

— À moi, Sam ! à moi, maître ! gémit le négrillon prisonnier. Méchant homme avait volé moi ; enfermé moi et être parti… Lui dire qu’il va chercher un autre maître à pauvre Sagababa ! Moi vouloir pas ; moi être à maître Saindoux !

Narcisse arrivait alors avec Crakmort et les hommes de police ; d’un coup de sa large épaule, il fit voler la porte en éclats et Sagababa, moitié riant moitié pleurant, vint tomber aux pieds de Philéas. Celui-ci, fort ému, le releva et l’embrassa avec effusion.

On entendit alors un juron étouffé, mêlé de grondements féroces. L’Anglais revenait chez lui. Sam s’était élancé sur lui au moment où, voyant ce qui se passait, il se disposait à s’enfuir. Le bouledogue s’était jeté à la gorge du voleur de Sagababa et l’étranglait bel et bien.

On eut grand-peine à lui faire lâcher prise ! Le voleur fit une mine piteuse lorsqu’au sortir des crocs aigus de Sam, il passa dans les mains des agents de police. Il partit, la tête basse, tandis que nos amis revenaient triomphalement à l’hôtel avec l’heureux Sagababa. Sam bondissait autour d’eux et faisait mille folies. Philéas, à peine arrivé, eut un long entretien avec l’hôte, à la suite duquel il dit joyeusement à ses amis que Sam leur appartenait. Il avait décidé l’hôte à lui céder le bouledogue, et ce compagnon fidèle et dévoué allait entreprendre avec eux leurs longs et difficiles voyages.