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Lorsque Crakmort eut fini, Polyphème salua la foule et de son ton le plus comique :

— Mesdames et messieurs, dit-il, Figaro trouvera-t-il quelques bourses qu’il puisse raser pour ne pas aller près de vos pauvres les mains vides, tandis que ses amis ont le bonheur de leur porter une ample moisson ? Il veut donner l’exemple, du reste !

Et en disant ces mots, il jeta sa bourse dans un plat à barbe qu’il tenait à la main.

Lui aussi eut un succès énorme.

Quand il eut fini sa recette, qu’il égayait de lazzis dignes de son costume, il alla avec ses amis s’incliner devant la princesse de K… présidente de l’œuvre charitable au profit de laquelle se donnait ce beau bal. Les trois Français lui remirent respectueusement, au milieu des bravos de la foule, le produit considérable de leur ingénieuse charité.

Au milieu du tumulte causé par les réflexions des uns, les félicitations des autres, quelques éclats de rire attirèrent l’attention générale sur une petite figure noire et grimaçante, qui se montrait entre deux larges cactus.

— Sagababa ! s’écria Philéas ébahi.

C’était le négrillon, costumé en singe, qui s’était faufilé jusque-là afin de rejoindre Saindoux, et qui restait pétrifié devant les merveilles offertes à ses yeux.

On rit de l’idée amusante de Sagababa. On lui permit de rester là et le ravissement enfantin du jeune nègre, son langage comique, son attachement pour son maître divertirent beaucoup de monde.