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près de « Narchiche » en voyant qu’il ne pouvait suivre son maître.

Ce bal était féerique ! Philéas se rengorgea en recevant les remerciements de ses amis pour sa bonne idée d’y venir. Ils visitèrent avec enchantement ces merveilleuses et interminables serres ; elles regorgeaient de plantes rares, d’arbres exotiques, de fleurs magnifiques, de fruits admirables et étaient éclairées par des torrents de lumière électrique.

Philéas voulut revenir au grand salon, lorsque la foule y fut attirée par un orchestre excellent. Dans un intervalle de repos, au moment du souper, il tira une écuelle de sa poche et, imitant l’accent de « Narchiche », il dit à haute voix :

— Un bal de charité chans quête, cha n’est pas complet ! Le pauvre ramoneur Franchais va demander un petit chou pour les pauvres de che pays, ch’il vous plaît.

Ce peu de mots eut un succès fou. On applaudit et mille mains finement gantées prodiguèrent l’or dans la sébile de Philéas… Elle fut bientôt pleine. Sans se déconcerter, Saindoux versa l’or dans son bonnet et tendit de nouveau l’écuelle au milieu de rires mêlés d’applaudissements.

Crakmort voulut profiter de l’idée de son cousin. Une fois la quête faite, il réclama audacieusement la parole et offrit de dire la bonne aventure au profit des malheureux, pour augmenter encore la quête. Ce fut une somme nouvelle pour les pauvres, car le spirituel Marseillais émaillait ses prédictions de plaisanteries si amusantes que tous voulurent l’entendre et payer pour cela.