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POLYPHÈME, insistant. — Pierre le Cruel, oui. Mais Pierre le Grand n’est pas Pierre le Cruel.

PHILÉAS. — Si. Je vous le ferai voir dans un livre que Pierrot a rédigé pour moi. Oh ! c’est qu’il est très aimable quand il veut s’en donner la peine.

Polyphème se mit à rire sans répondre et l’on arriva à Pétersbourg. On se casa dans un des bons hôtels que le jeune artiste s’était fait indiquer par avance et Philéas rappela à son ami son idée de bain russe.

Polyphème consentit de bonne grâce à suivre Saindoux. Sagababa supplia son maître de lui permettre de venir et tous trois se dirigèrent vers un établissement recommandé par l’hôte.

Arrivés là, Philéas demanda s’il y avait des employés français dans l’établissement. On répondit que oui et Saindoux, désirant être servi par un compatriote, on lui envoya un homme qui jeta un cri de surprise en voyant le gros jeune homme.

— Sandis ! monsieur, vous ici ? s’écria-t-il.

PHILÉAS, surpris. — Tiens ! c’est l’ours… c’est-à-dire le Bordelais. Bonjour, mon brave. Comment vous-trouvez-vous ici ?

Le Bordelais secoua la tête avec un gros soupir et commença silencieusement à servir Philéas.

Ce dernier ne connaissait nullement les bains russes ; il s’imaginait que c’était très simple et fort agréable. Il fut aussi ennuyé que surpris de recevoir tout à coup, à peine déshabillé, une douche d’eau glacée.

— Heu ! heu ! brrr ! gémit-il en grelottant. Quelle fichue idée de geler les gens sans les avertir… !