Page:De Pitray - Voyages abracadabrants du gros Philéas, 1890.djvu/253

Cette page n’a pas encore été corrigée

poliment les jeunes gens qui causaient entre eux et leur dit :

— Sandis, messieurs, né direz-vous pas quelqués mots bienveillants à un compatrioté ? Bagasse ! on aime à parler la langué dé sa patrie quand on voyage au loin.

— Ah ! vous êtes Français, mon brave ? s’écria Philéas, en s’approchant de lui.

— Certes ! Monssu, et jé m’en fais gloiré, sandis ! C’est uné grandé nation, cellé qui possédé Bordeaux, cetté vraie capitalé dé la Francé.

— Et qu’avez-vous là ? demanda Polyphème en s’approchant de la charrette.

— En général, un peu dé tout, mais pas grand-chosé pour lé moment, Moussu, répondit le Bordelais. Quelqués singés dé bellé espècé, un ours dé premièré beauté, dé la parfumérie…

— Tiens ! interrompit Philéas en dressant l’oreille, vous avez de la parfumerie, vous ? vendez-m’en donc ?

— Volontiers, Moussu, répliqua joyeusement le Bordelais, mais il est difficilé dé défairé ma pacotille en plein air. Où dois-jé vous porter céla à ésaminer ?

PHILÉAS. — Au bout de cette grande allée droite se trouve mon habitation, allez-y. Je vous y précède et je vais y faire mon choix.

Polyphème haussait les épaules, tout en accompagnant son ami.

— Vous êtes fou, mon bon, disait-il ; aller acheter à un saltimbanque, à un coureur d’aventures quelques drogues qu’il vous fera payer follement