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à la grande joie de ce dernier. Saindoux le maintint habilement dans le bon chemin, grâce à quelques explosions de chapeau chinois. Il vit bientôt de loin Polyphème, armé d’un fusil, qui venait à sa recherche.

Sauter à terre et laisser à son compagnon le loisir d’abattre l’ours fut pour Philéas l’affaire d’un instant. Il remit à Sagababa, accouru au bruit, son précieux chapeau chinois, en le félicitant d’avoir eu l’idée de faire cette acquisition, puis il rendit compte à son ami émerveillé de la façon brillante dont il s’était tiré d’affaire.

On mit le corps de l’ours dans le traîneau et on l’emmena à la maison où on le dépouilla de son épaisse fourrure. Philéas se fit un plaisir de l’envoyer à M. de Marsy avec une lettre où il lui racontait à sa façon son nouvel exploit.

Quelque temps après cette chasse bizarre, Polyphème entra un matin chez Philéas encore endormi. Celui-ci se frotta les yeux et se détira en bâillant.

POLYPHÈME. — N’est-ce pas aujourd’hui le grand jour, mon cher ? Je suis impatient de savoir où en sont vos cheveux. Vous avez retardé jusqu’à ce matin le moment de regarder de quelle nuance ils sont ; j’ai hâte de jouir de ce spectacle.

PHILÉAS. — C’est bien aimable à vous d’y avoir pensé, mon ami. C’est vrai, j’ai courageusement gardé mon bonnet de soie noire jusqu’à présent. Je suis aussi curieux que vous de constater l’état satisfaisant de leur nuance. Ce côté capillaire de ma personne est important à observer. Hé ! Sagababa !