Page:De Pitray - Voyages abracadabrants du gros Philéas, 1890.djvu/244

Cette page n’a pas encore été corrigée

eval se releva d’un bond et se mit à fuir en hennissant, du côté de la maison.

Saindoux fut fort embarrassé ; il commençait même à avoir peur… Sa crainte se changea en épouvante lorsqu’il vit sortir du bois et venir à lui un ours brun de grande taille !

Perdant la tête, le pauvre garçon se jeta dans le traîneau et y fouilla avec désespoir pour saisir une arme… mais, ô désolation !… il avait oublié son fusil…

Il n’y trouva qu’un instrument bizarre ; c’était une espèce de chapeau chinois en cuivre, avec force sonnettes. Sagababa, amateur de tout ce qui était bruyant, avait acheté cet instrument à Moscou et l’avait oublié là. En désespoir de cause, Philéas s’en saisit. Quand l’ours approcha, il fit en le brandissant un tel vacarme, que l’animal se recula tout effrayé ! Il s’empêtra même de telle sorte dans les traits brisés qu’il lui fut impossible de s’en dégager malgré tous ses efforts…

— Ah ! ah ! dit alors Philéas, retrouvant sa voix ; tu n’aimes pas la musique, bât ou ça ; elle me plaît, à moi, et je vais la continuer pour te faire marcher !

Saindoux avait repris courage, en voyant l’ours devenu captif ; il sauta dans le traîneau et fit de nouveau résonner aux oreilles de l’ours son terrible instrument.

Le vacarme fit partir au grand trot l’animal effaré ; il allait dans la direction de la demeure de Philéas,