Page:De Pitray - Voyages abracadabrants du gros Philéas, 1890.djvu/238

Cette page n’a pas encore été corrigée

Polyphème et finit par accaparer l’attention des deux amis qui tournaient sans cesse la tête de son côté, pour voir s’il était encore debout.

Tout à coup, un passant se précipita sur Philéas et se mit à lui frotter vigoureusement les oreilles avec de la neige.

— Ah çà ! qu’est-ce qui vous prend donc, monsieur ? demanda Saindoux en se débattant. Voulez-vous bien finir cette mauvaise plaisanterie ?…

… Mais le monsieur continuait toujours sa besogne avec ardeur, tout en disant quelques mots en russe.

— À moi ! Tueur, criait Philéas en se débattant de plus belle ; délivrez-moi de ce crampon qui me farcit les oreilles avec de la neige. Vous m’en rendrez raison, monsieur ; me lâcherez-vous ; à la fin ?

Un café était près de là. Polyphème y poussa son ami, y entraîna le passant ; Sagababa, ne pouvant plus marcher, les suivit à quatre pattes et l’on s’expliqua à loisir.

Les oreilles de Philéas étaient en train de geler ! Un passant charitable, voyant cela, avait rendu à Saindoux le service, très usité en Russie, de le guérir séance tenante, grâce à des frictions de neige sur les membres en danger.

Philéas, rasséréné, se fit longuement expliquer la nécessité d’agir avec promptitude et énergie. Il comprit alors qu’il y avait une vraie imprudence de sa part à ne pas se couvrir comme on doit le faire en pareille saison, avec un rude climat. Il remercia chaleureusement le « Sauveur de ses oreilles », comme il se plut à l’appeler, puis il entra