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Le temps s’écoulait agréablement pour les deux amis, en effet. Courses, excursions de toutes espèces, tout leur faisait trouver charmante leur vie actuelle.

Lorsque l’automne arriva, Philéas comprit ce qu’avait voulu dire Polyphème. Mais, trop vaniteux et trop entêté pour suivre les conseils de son ami, craignant en outre le ridicule s’il ne se mettait pas à la dernière mode, il ne voulut pas, pendant les premiers froids, sortir vêtu comme l’était Polyphème. Il préféra rester chez lui ; mais l’ennui le prit au bout de huit jours de réclusion… Polyphème se moquait de Saindoux, demandant s’il tournait à la marmotte et lui conseillant de vivre de sa graisse, comme les ours.

Philéas se rebiffa !

— C’est du propre, ce qu’ils font ! s’écria-t-il ; se lécher les pattes et se nourrir de ça… Tenez, je vais faire un petit tour, décidément. Tac, pour vous faire plaisir, je mettrai mon cache-nez et des gants fourrés, mais voilà tout, par exemple.

POLYPHÈME, secouant la tête. — Vous ne tarderez pas à vous repentir de votre imprudence, mon ami. Je parle sérieusement, la chose en vaut la peine ; mais enfin, je vous accompagne, et je veille sur vous.

PHILÉAS, d’un air capable. — Allez ! allez ! je suis plus robuste que vous ne le pensez, Tueur !

Les jeunes gens sortirent, suivis de Sagababa ; ce dernier, emmitouflé de la tête aux pieds, trébuchait sans cesse ; il s’accrochait tantôt à Philéas, tantôt à