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— Eh bien ! nos projets de voyage, donc ! Voilà l’été qui s’avance. Allons-nous partir tout de suite pour Pétersbourg et, de là, filer en Sibérie ; puis redescendre en Asie, faire une pointe en Océanie et finir par l’Amérique ? Et puis vidons…

— Comme vous y allez ! observa Polyphème en bâillant. Certes oui, nous allons nous lancer prochainement dans ces directions ; mais je ne suis d’avis de partir qu’après avoir fait quelques chasses à l’ours et après nous être encore aguerris contre le froid.

— Vous avez besoin d’être aguerri, vous ? demanda Philéas d’un ton dédaigneux.

— Certes oui, répondit Polyphème ; êtes-vous donc plus avancé que moi ?

Un sourire sardonique répondit pour Saindoux.

— Ne vous y fiez pas, mon très cher, reprit Polyphème ; savez-vous que nous étions seulement dans le midi de la Russie, l’hiver dernier ? Vous ne pouvez vous faire une idée de la température de Pétersbourg et du nord de ce pays, dans la mauvaise saison.

— Aié hi, mon ami, tout cela c’est une affaire de bottes et de manteaux, répliqua Philéas d’un air capable ; mais enfin nous ferons comme vous l’entendrez. Notre vie actuelle me plaît beaucoup : je m’instruis, je me perfectionne même dans la langue russe et je ne tiens pas à brusquer notre départ.