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Philéas était hors de lui ! Il aurait voulu pouvoir à la fois gourmander Polyphème, faire lâcher prise à Sagababa, se nettoyer, se r’habiller et fuir cet odieux endroit !

… Ses paroles se ressentaient du désordre de ses idées.

— Bien ! donnez-vous-en à votre aise, Tueur ! disait-il d’une voix concentrée. Riez tout votre content, je suis beau, allez ! c’est du propre !… Ne me touche plus, toi ! tu m’arranges là un joli emplâtre. Ah ! les horreurs de bêtes ! est-ce assez ignoble… pouah ! j’en ai dans les oreilles et sur le front… Aïe ! je sens qu’il m’en court dans les cheveux… Allez à la rive, batelier, à la rive ! il ne comprend pas, l’imbécile, et il rit, par-dessus le marché ! c’est à en devenir fou !…

Il se prit les cheveux à poignées, y écrasa une vingtaine de chenilles, retira avec horreur ses mains gluantes et sauta dans la rivière. Il nagea entre deux eaux, aborda, passa fiévreusement devant Polyphème qui éclatait de plus belle et commença une course effrénée vers son auberge, suivi de Sagababa.

La vue de cet être ruisselant, tout couvert de chenilles, pétrifia la population. L’aubergiste ne reconnut pas Philéas et lui barra le chemin. Celui-ci s’indigna, lança une poignée de chenilles au nez de l’hôte qui se recula en criant… Saindoux, profitant de ce mouvement de retraite, s’élança dans sa chambre et s’y enferma à double tour.

Persuadé qu’il avait affaire à un malfaiteur, l’hôte