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enades.

Un matin, Saindoux entra tout joyeux chez son ami qui était en train de s’habiller.

— J’ai trouvé un agréable emploi de ma journée, Tueur, dit-il d’un air rayonnant, et je vous invite à partager avec moi un délicieux bain froid.

— Où donc allez-vous pour cela ? demanda Polyphème avec indifférence.

PHILÉAS. — Dans une rivière, non loin d’ici. C’est charmant, paraît-il. Sagababa m’accompagne. J’ai loué une barque et je m’y promènerai quand je serai las de nager et de me baigner. Ce sera délicieux ! Allons, venez-vous ?

POLYPHÈME. — Volontiers, mais sans prendre de bain comme vous, j’ai mes raisons pour cela. Je n’en aurai pas moins grand plaisir à vous voir patauger, mon très cher.

PHILÉAS, vexé. — Dites nager, mon illustre ami.

POLYPHÈME, riant. — Non, non ! je dis patauger et je le répète ; je tiens à mon mot, vous me donnerez raison vous-même ce soir. Mais partons ; profitons du moment où la chaleur n’est pas accablante.

Philéas appela le négrillon, se munit d’un vêtement de bain et les voyageurs se dirigèrent vers l’endroit où devait se baigner le gros Saindoux.

C’était un frais et joli enfoncement. Les chenilles semblaient avoir épargné les arbres qui bordaient la rive et il y faisait obscur et frais. Tout ébloui du passage de la lumière à une demi-obscurité, pressé par Polyphème qui semblait avoir une hâte singulière de voir son ami dans l’eau, Philéas plongea sans réflexion. Il reparut promptement et se cramponna