XXII
Les chenilles
Ce fut le midi de la Russie que voulurent d’abord parcourir nos deux amis. Ils visitèrent villes et villages et allèrent jusqu’en Crimée, où ils admirèrent la superbe végétation et la délicieuse température dont on y jouit.
Ils passèrent ainsi l’hiver tout entier, puis le printemps. Ils ne se lassaient pas d’étudier mœurs et habitants, de regarder, d’interroger et de profiter.
La chaleur les surprit et les obligea de séjourner quelque temps dans le gouvernement de Saratoff. Philéas commença alors à se désoler et grognait tout haut. La cause de ce mécontentement provenait d’un vrai fléau, qui s’était abattu sur cette partie du pays. Une invasion de chenilles changeait la campagne en lui donnant, cette année-là, un aspect morne et désolé. Pas de verdure, pas de fleurs, pas de feuilles ! Les arbres ressemblaient à des spectres décharnés, à des images personnifiées de l’hiver. Les sapins seuls bravaient les bêtes malfaisantes et offraient un abri aux touristes lorsqu’ils s’aventuraient, à faire quelques prom