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entre les dents. Les autres jeunes gens l’avaient scrupuleusement imité.

— Mon ser cousin… balbutia le coupable, d’une voix tremblante.

— Il n’y a pas de cher cousin ici, répondit Philéas de sa voix la plus creuse. Il y a un ennemi mortellement offensé qui veut r’avoir son bien, menacé d’une exhibition scandaleuse et d’une inscription plus scandaleuse encore !

Le docteur maudissait son idée.

— Très ser cousin, c’était une plaisanterie, gémit-il en joignant les mains. Ze n’ai zamais voulu faire sérieusement cela. Ze voulais seulement faire voir scientifiquement…

Un cri d’indignation de Philéas le fit s’arrêter court en palissant.

— Et vous osez plaisanter ainsi, monsieur ? déclama Saindoux (qui était, au fond, ravi de cette scène et du rôle qu’il y jouait), plaisanter avec… moi ! J’ai tué des loups, monsieur ! j’ai tué des lions, monsieur ! un docteur ne me ferait pas peur, monsieur…

Et en disant ces mots, il tira un rasoir de sa poche, le brandit et s’approcha de Crakmort. Le docteur, au comble de la terreur, poussa des cris désespérés.

— On m’assassine ! hurlait-il, à moi, à l’aide, au secours ! au feu !…

Philéas saisit à pleines mains l’épaisse chevelure du docteur et lui cria :

— Tais-toi, malheureux ! Œil pour œil, dent pour dent… j’ajoute : cheveux pour cheveux. Tu