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de le persuader le rendit docile et charmant. Tout en continuant à prendre le docteur pour un fou, il se prêta complaisamment à ses idées… à ses bizarreries, pensait-il.

Les allures singulières du traîneau avaient inspiré de la défiance aux conspirateurs. Ceux-ci firent monter trois des leurs à cheval et les envoyèrent se poster aux endroits par où il était possible de passer. Ils constatèrent bientôt l’excellent effet de cette manœuvre. De grands cris retentirent et l’on vit réapparaître sur la route trois cavaliers, poursuivis par trois autres cavaliers, le tout allant à fond de train. Le cheval du docteur s’était emporté ; son domestique le suivait aveuglément et le conducteur les accompagnait en se demandant comment tout cela allait se terminer….

Dans cette course folle, Crakmort perdit tour à tour chapeau, pelisse et lunettes. Cramponné à la selle, il se croyait absolument perdu !

Arrivé près du petit bois, un lasso habilement lancé fit rouler son cheval sur la route et, avant qu’il ait pu se rendre compte de ce qui se passait, le Marseillais se voyait relevé, saisi, entraîné dans la hutte et attaché sur un tronc d’arbre.

Le docteur tressaillit en voyant en face de lui son cousin, son terrible cousin ! Debout, les bras croisés, les sourcils froncés, son bonnet de coton enfoncé crânement sur le front, Saindoux paraissait, aux yeux terrifiés du docteur, l’image de la vengeance.

Polyphème se tenait près de lui d’un air sinistre, avec un revolver dans chaque main et un poignard