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dont le docteur frémissait encore. Dans son effroi, il se jeta sur le conducteur qui ne se doutait de rien, et le renversa presque, à force de tirer sur lui.

— Arrête, malheureux ! cria-t-il ; pas un pas de plus… Il y a une embuscade là-bas, préparée contre moi ! Rebroussons semin sur-le-samp… Allons par la traverse, par des ravins, par tout, excepté par là…

Le conducteur se dégagea avec colère.

— Mais il est fou, fou à lier, votre maître, s’écria-t-il en s’adressant à Narcisse. Je m’en étais déjà douté. Il faut le faire soigner à la ville voisine. Aidez-moi à le maintenir jusque-là….

Et il fouetta ses chevaux qui partirent ventre à terre.

Le docteur s’arrachait les cheveux !

— Mon ami, mon ser ami, gémit-il en se jetant à genoux devant le conducteur ; quand ze vous dis qu’il y a dans ce bois, là-bas, des ennemis qui veulent me prendre ! Ze les ai vus ! Ze cours les plus grands danzers !…

Le conducteur ouvrit des yeux énormes et mit ses chevaux au pas. Crakmort commença à respirer… Il lui expliqua rapidement quel était son plan. Il voulait abandonner le traîneau et faire monter chacun sur un cheval pour fuir facilement par la traverse. Mais quand il dit que c’était pour des cheveux qu’il avait emportés, le conducteur retomba dans son incrédulité et ne voulut rien écouter de plus.

Il remettait ses chevaux au galop lorsque le Marseillais lui glissa de l’or dans la main. Cette manière