Page:De Pitray - Voyages abracadabrants du gros Philéas, 1890.djvu/208

Cette page n’a pas encore été corrigée

cela, ser cousin ; vous prenez trop violemment la soze. Ze ne réclame que votre sevelure.

POLYPHÈME, d’un air goguenard. — Ah ! vous vous contentez de le scalper, alors ? c’est gentil !

PHILÉAS, criant. — Mais encore moins, par exemple ! Saprelotte ! qu’il y vienne donc !…

CRAKMORT, se récriant. — Eh ! ser cousin, pour qui me prenez-vous ? Ze ne veux rien de ce zenre ; mais seulement (reprenant son ton insinuant) de me faire une donation en bonne forme de votre tête, afin qu’après votre mort ze puisse analyser scientifiquement…

Ici Sagababa, dont les regards devenaient féroces, intervint inopinément dans la discussion. Il se précipita avec furie sur Crakmort, se jetant sur sa figure qu’il égratigna de belle sorte ; arraché de là par les jeunes gens, il se cramponna aux mollets du Marseillais et les mordit de telle façon que le docteur, déjà ahuri de l’attaque, abandonna la partie et s’enfuit, laissant les deux amis, moitié riant moitié grondant, empêcher Sagababa de se lancer à sa poursuite.

Le second médecin haussait les épaules et traitait crûment le Marseillais de véritable fou.

Ainsi se termina la consultation.

Philéas, pour éviter toute moquerie, se fit raser la tête. Ce ne fut pas sans peine. Le barbier frémissait, tout en préparant ses rasoirs, et ne procédait à cette besogne qu’en tremblant. Il ne fallut rien moins que l’ordre du médecin pour le décider à manier cette crinière sanguinolente.

À la grande joie de Philéas, cette importune chevelure