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vint entourer l’arbre sur lequel il se trouvait. Il piqua alors avec adresse le museau d’un des loups ; celui-ci chancela et tomba comme une masse… Ses compagnons se mirent à le dévorer. Pendant quelques minutes, Philéas frappa sans relâche… Peu à peu la bande s’éclaircit. De nombreux vides se firent et le moment arriva où il ne resta plus que quelques loups effrayés qui s’enfuirent en entendant des cris, des appels et des coups de fusil non loin de là.

Sagababa était dans le délire de la joie en voyant les bêtes fauves diminuer de nombre sous les coups meurtriers de l’infatigable Philéas. Il se mit à caracoler sur le sapin, grimpant en tous sens comme une couleuvre, et poussant des hourras sauvages et incessants. Ses clameurs guidèrent les chasseurs dans leurs recherches et ils arrivèrent bientôt dans une clairière où ils virent un spectacle qui les stupéfia…

Au milieu de nombreux cadavres de loups, les uns encore intacts, les autres à demi dévorés, se tenait le gros Saindoux, debout, appuyé sur sa gaule et frisant sa moustache d’un air belliqueux. Sur le sapin, Sagababa se livrait à une voltige effrénée et, dans le lointain, quelques loups disparaissaient en hurlant.

— Ah çà ! voyons ! s’écria Polyphème sortant enfin de sa stupeur ; est-ce que je rêve tout éveillé ? C’est vous ! c’est bien vous, mon pauvre Philéas ? vivant, malgré ces innombrables ennemis ? Comment êtes-vous venu à bout de les détruire en telle quantité ? Peste ! c’est prodigieux…