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nombre suffisant, voyons ce qu’étaient devenus Philéas et Sagababa.

Lorsqu’on était entré dans la forêt, le gros Saindoux avait peu à peu ralenti l’allure de ses chevaux et, lorsqu’il eut perdu de vue ses compagnons, il se retourna en riant vers Sagababa.

— Hein ! petit, est-ce bien manœuvré ? s’écria-t-il. Allons par cette route maintenant, et nous aurons notre paire de loups en moins d’une heure ; tu verras.

— Et puis revenir à la maison après, pas vrai, maître à moi ? demanda Sagababa dont les dents claquaient de peur.

PHILÉAS. — C’est évident, nigaud. Dès que j’aurai mon affaire, je ne resterai pas ici où il fait un froid… de loup, c’est le cas de le dire. Tiens, voilà un beau sapin, nous y serons à l’abri de la neige. Arrêtons-nous ici ; nous nous y mettrons facilement en embuscade. Attache les chevaux à l’arbre… solidement, donc ! il ne faut pas qu’ils nous échappent en entendant tirer ; là, c’est bon. Eh ! bien ! qu’est-ce que tu fais, à présent ?

En effet le petit nègre, après avoir obéi à son maître, grimpait lestement sur le sapin au pied duquel se tenait Saindoux. Ce dernier, tout en ne croyant voir qu’un ou deux loups dans cette partie de la forêt qu’il supposait peu visitée par les bêtes fauves, était néanmoins mal à son aise, au fond du cœur. Aussi s’agitait-il pour donner le change à Sagababa et pérorait-il en conséquence.

— Poltron ! continua Saindoux, n’as-tu pas honte ? aller grimper là-haut comme un lézard ! Regarde-