Page:De Pitray - Voyages abracadabrants du gros Philéas, 1890.djvu/194

Cette page n’a pas encore été corrigée

s fait en cachette quelques préparatifs bizarres, aidé par Sagababa qui se montrait tout fier de la confiance que lui témoignait son maître.

Polyphème, intrigué, chercha vainement à savoir en quoi consistaient les arrangements de chasse de Saindoux. Ce dernier ne voulut répondre que fort évasivement et Polyphème ne put tirer du négrillon qu’un éloge emphatique de « maître à moi ».

Les jeunes gens, tout en s’occupant de la sorte, mettaient pourtant le temps à profit ; ils visitaient les environs, s’initiaient aux coutumes des habitants et s’entendaient avec eux pour leurs excursions et leurs chasses. L’hiver si impatiemment attendu par eux arriva enfin. Tout se revêtit dans les campagnes d’une épaisse enveloppe de neige. Les sapins seuls conservaient leur sombre verdure, quoiqu’à demi cachés sous leur parure blanche.

Les eaux glacées offrirent alors aux chasseurs des passages sûrs et solides.

Les jeunes gens, enchantés, se concertèrent avec quelques propriétaires secondés par leurs paysans, et un beau matin ils montèrent en traîneau et se dirigèrent vers une des sombres et vastes forêts dont regorge la Lithuanie.

La chasse devait se faire sans descendre de traîneau et Polyphème croyait que Philéas avait adopté comme lui cette manière de chasser, la plus sûre pour des étrangers inexpérimentés. Mais il avait compté sans l’entêtement de son gros compagnon. Lorsqu’il vit au loin le féroce gibier qu’il cherchait, il se retourna pour appeler Philéas, et sa stupeur fut grande en n’apercevant pas le traîneau de Saindoux