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er leurs plaisanteries en chargeant sa note d’autant plus. Il ouvrit à deux battants la porte de la cour et, comme la voiture sortait, la paille qui remplissait la boîte s’agita et l’hôte vit apparaître la tête laineuse de Sagababa.

— Messieurs, s’écria-t-il, messieurs, arrêtez ! vous chargez trop la voiture… la caisse n’est pas…

Le bruit des roues empêcha les jeunes gens d’entendre les réclamations de l’aubergiste et le négrillon, se doutant que l’hôte voulait dénoncer sa présence, lui fit de son trou une grimace hideuse.

… Mais la joie du petit nègre parvenu à ses fins fut de courte durée. La voiture allant au grand trot le secouait horriblement ; il commençait à regretter son escapade. Le cheval, vigoureusement fouetté par Philéas, allait comme le vent et Sagababa, de plus en plus mal à l’aise, entendait avec dépit les jeunes gens rire, causer et exciter gaiement le cheval.

— Quoi faire ? se dit-il. Si moi appelle maître à moi, furieux ! tirer les oreilles ! donner calottes ! renvoyer Sagababa à l’auberge… Et l’hôte, rire de Sagababa. Si moi pouvais arrêter diable de cheval… Ah ! lui avoir ficelle qui pend à jambe malade. Bon, ça ! moi tirer dessus et lui aller au pas.

Enchanté de son idée, Sagababa attrapa adroitement un bout de la corde mal rattachée qui traînait et il l’attira à lui… L’effet fut magique ; le cheval s’arrêta tout court.

PHILÉAS, étonné. — Tiens ! qu’est-ce qu’il a donc, ce cheval ? Allons ! hue !

Il donna un coup de fouet, mais sans aucun succès.