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aller là-dedans. C’est impossible… pas assez de place pour trois.

PHILÉAS. — Est-ce que je songe à t’emmener aujourd’hui, petit imbécile ! Je n’ai pas besoin de toi ; nous ne faisons qu’une promenade en voiture.

SAGABABA, vivement. — Maître à moi prend pas Sagababa ?

PHILÉAS. — Ma foi non !

SAGABABA, insistant. — Sagababa pas vouloir quitter maître à moi ! Lui aller sur genoux de maître à moi. Bien, comme ça ?

PHILÉAS. — Idée saugrenue ! Tu crois que je vais t’empiler sur nous et m’écraser de ton poids ? dans une promenade d’agrément ! va te promener à pied où tu voudras ; je te donne congé jusqu’à ce soir. Allons voir le cheval à présent, Polyphème.

Et les jeunes gens sortirent de la remise avec l’hôte, laissant Sagababa humilié et désappointé…

Mais, nous le savons, le petit noir était entêté. Il ne se tint pas pour battu. Il referma soigneusement les portes de la remise et, à part quelques froissements de paille, on n’entendit plus rien.

Les deux amis avaient examiné le cheval. Il paraissait vigoureux, mais il avait une jambe de derrière enveloppée de linges et soigneusement ficelée, ce qui éveilla la méfiance de Philéas ; les plaisantes remarques de Polyphème excitèrent l’indignation de l’hôte.

PHILÉAS, avec fermeté. — Je n’attelle pas cet animal si je ne vois pas ce qu’il y a sous cette toile. C’est peut-être un invalide !

POLYPHÈME, riant. — Au fait ! s’il avait une jambe