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tout fier de voir le succès du remède indiqué par lui.

En entendant la requête de Larigot, Saindoux hocha la tête et clignant de l’œil d’un air malin :

— Mon cher, répondit-il avec un grand sérieux, je suis partisan de Canonet, mais avant tout, je suis grand, juste et généreux. Je veux bien vous aider à chercher votre lait de poule, quoique ce soit difficile à trouver. Je vous avoue que je ne connais dans le pays aucune poule à lait.

Larigot, naïvement. — Rien qu’un demi-verre suffirait, cependant. Sur cent poules, on en trouvera bien quelques-unes de laitières, je pense !

Et les deux hommes se mirent en quête de poules à lait. Ils étaient allés dans quelques maisons sans rien trouver quand Philéas, se frappant le front, s’écria en se pinçant les lèvres :

— Que nous sommes bêtes ! allons nous informer près de M. de Marsy. Il connaît ces choses-là ; il nous renseignera tout de suite.

— C’est ça, dit Larigot enchanté ; c’est une bonne idée. Allons lui demander des renseignements.

La surprise et les rires de M. de Marsy et de sa famille montrèrent au pauvre Larigot son erreur grotesque.

M. de Marsy lui expliqua alors ce qu’était un lait de poule et Larigot, très vexé de sa bêtise, retourna fabriquer la fameuse boisson, tandis que le malin Philéas, se frottant les mains, allait raconter à son ami Canonet l’erreur de Larigot et ses recherches ridicules.

Enfin les deux chantres se déclarèrent prêts et,