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lasme ?

PHILÉAS, gigotant. — Pas à la farine de moutarde, garnement. Donne-moi de la farine de lin à la place de ce fer rouge.

POLYPHÈME, impatienté. — Allons donc ! Sagababa, obéis à ton maître et ne raisonne pas.

SAGABABA, pleurant. — Moi vouloir guérir maître à moi ; pas ôter graine de lin.

Polyphème, agacé, prit la jambe de Philéas et aida ce dernier à se débarrasser du cataplasme posé par le petit nègre dans son dévouement maladroit.

En voyant cela, les pleurs de Sagababa redoublèrent. Philéas allait lui ordonner de se taire ou de partir lorsque Sagababa, interrompant subitement ses sanglots, se précipita vers le cataplasme, le saisit et sortit en toute hâte.

Restés seuls, les deux amis se regardèrent avec surprise.

— Pourquoi ce changement subit ? demanda Polyphème.

— Il comprend enfin sa sottise, dit Philéas en mettant sur sa jambe rougie une compresse d’huile de millepertuis. Fichu gamin, est-il entêté ? hein ! l’est-il ?

Il achevait à peine ces mots que Sagababa reparut avec une mine triomphante, le fameux cataplasme à la main.

— C’être graine de lin, maître à moi ! s’écria-t-il en entrant. Sagababa est sûr, à présent ! lui en avoir mangé.

PHILÉAS, ahuri. — Mangé quoi ? de quoi as-tu mangé ? du cataplasme ? de la moutarde ?

SAGABABA, avec force. — Mangé cataplasme graine