Page:De Pitray - Voyages abracadabrants du gros Philéas, 1890.djvu/170

Cette page n’a pas encore été corrigée

admirable crème ! J’en aurais encore mangé avec tant de plaisir !

POLYPHÈME, riant. — Votre jambe l’absorbe pour vous.

PHILÉAS, soupirant. — Ce n’est pas la même chose, Tueur !

L’application de la crème fit grand bien à Saindoux ; il put marcher sans trop de peine. Il lui fut impossible, toutefois, de remettre ses bas et ses guêtres, l’enflure étant trop considérable pour cela.

Le gros touriste fut très vexé de rester ainsi nu-jambes. Son humiliation augmenta lorsqu’il aperçut au bas de la montagne un groupe au milieu duquel s’agitait une vieille femme. Les gens composant ce rassemblement semblaient à la fois curieux et inquiets. Ils paraissaient attendre les touristes. Ceux-ci, arrivés à une certaine distance, entendirent des fragments de phrases qui les étonnèrent et les intriguèrent même beaucoup.

— Vous croyez que ce sont eux ? disait une voix.

— Certainement, s’écria la vieille ; je reconnais leur… (ici sa voix baissa et quelques mots échappèrent aux voyageurs) ; et puis, ajouta-t-elle, v’là leur singe avec eux.

PHILÉAS, interloqué. — Qu’est-ce qu’ils disent, ces gens-là ? qui reconnaissent-ils ? de quel singe parle-t-on ?

POLYPHÈME, se frappant le front. — Parbleu ! je crois comprendre… Philéas, c’est la vieille poltronne d’hier soir, qui a eu l’idée de nous prendre, vous et moi pour des voleurs et Sagababa pour un singe… Elle nous attend après avoir charitablement