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— Merci, mon bon ! riposta Polyphème.

— Voici un village, continua Philéas très animé et sans faire attention aux répliques de son ami.

POLYPHÈME. — Ça, c’est un fait.

PHILÉAS. — Dans ce village, il y a une église…

POLYPHÈME. — C’est positif ; nous sommes devant.

PHILÉAS, avec volubilité. — Pour une église, il faut un curé ; pour le curé, il faut un presbytère ; donc nous allons y demander l’hospitalité…

SAGABABA, avec élan. — Et y manger, maître à moi ?

PHILÉAS, avec majesté. — Et y manger, mon enfant. Certes oui ! (Il se frotte l’estomac.) J’ai une faim canine, justement. Allons ! il faut frapper ici ; cette maison à droite me paraît être celle du curé. Avance, Sagababa, et introduis-nous convenablement.

Sagababa avait la fringale. Ravi de la perspective de manger et de se reposer, il se précipita vers la porte et tira le cordon de sonnette avec une telle violence, qu’il lui resta dans la main. Au moment où les amis allaient lui reprocher son impétuosité, la porte s’ouvrit et une vieille servante parut. À la vue de Sagababa qui s’élançait vers elle en criant : « Voilà maître à moi qui veut à boire et à manger ! » elle poussa un cri d’effroi, referma violemment la porte et on l’entendit barricader la porte en faisant des exclamations de toutes sortes.

Philéas et Polyphème se regardèrent avec consternation. Sagababa était pétrifié de son succès.

POLYPHÈME. — Elle nous a pris pour des voleurs !

PHILÉAS, irrité. — La vieille gueuse ! je lui en