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CHAPITRE XIV

la tyrolienne


Le lendemain, le temps s’annonça si engageant et si beau que les voyageurs résolurent de faire une longue excursion. Ne songeant nullement à la chasse ce jour-là, ils ne se munirent que d’énormes ombrelles pour se préserver du soleil, devenu brûlant. Polyphème s’en servit sur-le-champ. Philéas plaça la sienne sur son dos et l’attacha en travers de son havre-sac.

La promenade fut longue et pittoresque ; les sentiers que parcouraient les deux voyageurs, escortés de Sagababa, conduisaient à des sites plus beaux les uns que les autres. Tantôt ils dominaient un village charmant ; tantôt ils côtoyaient un lac superbe, puis ils longeaient la lisière d’un bois sombre et touffu. Philéas était ravi ; il ne tarissait pas en éloges, en exclamations. Sagababa, quoique chargé des provisions, bondissait « comme un chameau », disait Philéas au grand amusement de Polyphème. Ce dernier s’épanouissait devant la verve grotesque de son gros ami. Arrivés sur un plateau, célèbre par la vue d’un vallon boisé qui s’étendait à perte de vue,