Encore mal remis de sa terreur, le négrillon considérait avec dégoût l’aiglon que lui présentait son maître. Ce corps à peine couvert de plumes, ces yeux énormes, ce bec ouvert, tout cela lui faisait horreur.
— Maître à moi pas laisser gros monstre là-haut ? demanda-t-il d’un ton insinuant.
PHILÉAS, avec sensibilité. — En voilà une idée ! puisqu’il est orphelin, il lui faut un père, un protecteur et un ami ; ce sera moi. Toi, tu seras sa bonne, sa maman nourrice.
SAGABABA, scandalisé. — Oh ! moi nourrice ! et d’un monstre, encore ! pas ça, maître à moi ; pas demander ça à pauvre Sagababa…
POLYPHÈME, riant. — Tu t’y feras, mon brave ! Allons, Philéas, votre main et que je vous félicite de votre manière de vous tirer d’affaire… fichtre ! il faut avoir un fier toupet pour se défaire de ses ennemis d’une façon aussi originale.
PHILÉAS, se rengorgeant. — Vous êtes trop bon, mon illustre ami ; je n’inaugure pas mal mes