PHILÉAS. — Je vais la remplir d’eau tiède, d’abord, pour voir si elle marche bien.
POLYPHÈME. — Remplissons ! tous ces préparatifs m’intéressent beaucoup.
SAGABABA, avec empressement. — Voilà eau, maître à moi ; moi verser ?
PHILÉAS. — C’est ça, bon ! assez ; maintenant, je vais faire manœuvrer cette… machine… (Il la soulève.) Prelotte ! c’est presque comme un canon. Je suis curieux de voir si elle va bien avant de m’en servir pour tout de bon. (Il la prend sous son bras.)
POLYPHÈME, intrigué. — Qu’est-ce que vous faites donc ?
PHILÉAS. — Je la prends à bras le corps pour mieux la faire aller. (Il s’appuie contre une porte.) En m’arc-boutant comme ça…
POLYPHÈME, gaiement. — Et si la porte s’ouvrait ? si vous pénétriez ainsi… armé chez nos voisins ?
PHILÉAS, avec assurance. — Il n’y a pas de danger, c’est une porte condamnée ; voyez plutôt, il n’y a pas de serrure. (Il pousse la machine.) Marche, toi ! Est-elle dure, la coquine ! Oh ! mais je suis fort… et entêté donc ! hue… marche !… victoire ! elle mar… Ah ! miséricorde !…
La porte soi-disant condamnée venait de céder aux efforts de Philéas. Elle s’était ouverte avec violence et le gros jeune homme, armé de son instrument,