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UN PASSAGER. — C’est probablement un rat.

PHILÉAS, agité. — Prelotte ! et mes biscuits de Reims qui sont là-dedans, ils vont être dans un joli état ! (Ouvrant la malle.) Attends, gredin ! que je t’écrase, que je t’étrangle, que je te broie, que…

UNE VOIX, de la malle. — Grâce ! maître à moi, n’en ai mangé que six paquets…

PHILÉAS, les bras au ciel. — Oh ! c’est Sagababa !…

POLYPHÈME. — Pas possible ! (Donnant un coup de pied à la malle.) Sors de là, gourmand, que nous nous expliquions ta présence.

Au milieu des rires et des exclamations de tous, Sagababa en personne se dressa d’un air piteux, en faisant pleuvoir autour de lui un déluge de vêtements et de biscuits amoncelés sur sa tête. Ses cheveux laineux étaient pleins de miettes ; il regardait Philéas d’un air de supplication si tendre et si comique que les rires devinrent convulsifs. Polyphème, en particulier, s’en donnait à cœur joie.

PHILÉAS, abasourdi. — Mais c’est que c’est lui… polisson ! garnement ! comment as-tu osé devenir mon bagage ? Et dire que j’ai payé un excédent pour ce gamin-là ! (On rit.) Je me disais aussi : tout ça n’est pas naturel ! ma malle devenue pleine, devenue lourde… Animal !

SAGABABA. — Oui, maître à moi ! (Rires.)

PHILÉAS, crispé. — Tu mériterais…

SAGABABA. — Oui, maître à moi !

PHILÉAS, tapant du pied. — Laisse-moi parler ! tu mériterais d’être…

SAGABABA. — Oui, maître à moi !…

PHILÉAS, trépignant. — Mais laisse-moi donc parler,