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POLYPHÈME.. — Ça ne fait rien ; allons, cher ami, il est temps de partir, et comme je n’ai plus de poudre électrique, nous serons deux jours en route, cette fois-ci. Vite, ficelons votre ballot d’habits restés en trop et partons.

Les voyageurs firent à la hâte les derniers préparatifs et les commissionnaires de l’hôtel chargèrent les bagages sur leurs épaules.

UN COMMISSIONNAIRE (grognant). — Voilà une malle bien lourde ! je vais avoir de la peine à l’emporter.

PHILÉAS. — Vous ne devez pas être fort, mon ami, car je la soulevais très facilement, tout à l’heure. (Il veut la remuer.) C’est singulier ! elle est très pesante, à présent ; pourquoi ?

POLYPHÈME, impatienté. — Sac à papier ! Saindoux, ne bavardons plus et partons ; il en est plus que temps.

Le cortège s’achemina vers le bateau, Philéas marmottant sans cesse : « Elle n’était pas lourde ce matin et elle pèse ce soir… ce n’est pas naturel. »

On déchargea précipitamment les bagages, le bateau partit et l’on rangea les colis. Saindoux demanda en grâce qu’on lui laissât ouvrir sa grosse malle. Polyphème se moqua de lui ; Philéas insista. Au milieu de cette discussion qui amusait les passagers et l’équipage, on entendit grignoter très fort… Chacun, fort surpris, fit silence.

PHILÉAS, effaré. — Là ! vous voyez, ça part de la malle…

POLYPHÈME, étonné. — Le fait est que c’est singulier ! allons, Saindoux, je me rends ; ouvrez votre caisse, mon cher.