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hier, par hasard, dans mon expédition et voilà qu’il ne veut plus me quitter.

POLYPHÈME, gravement. — Ça ne m’étonne pas, Saindoux ; vous fascinez, en homme supérieur que vous êtes…

PHILÉAS. — Tueur…

POLYPHÈME. — Vous attirez…

PHILÉAS. — Cher Tueur…

POLYPHÈME. — Vous ravissez les cœurs…

PHILÉAS. — Oh ! très cher Tueur, vrai ! vous me comblez… n’importe ! je dis que je ne veux pas de négrillon ; faites-moi donc le plaisir de faire entendre raison à celui-là.

POLYPHÈME. — Très volontiers ; écoute, petit, tu nous assommes ! on n’a pas besoin de toi ici, nous partons pour la France, ainsi va-t-en. Nous n’avons pas trop de temps pour faire nos paquets. Venez, Philéas, m’aider à fermer ma malle. (Il entre dans sa chambre.)

PHILÉAS. — C’est très bien dit ! File, petit ; je t’ai payé hier soir, ne m’ennuie plus ; bonsoir. (Il entre chez Polyphème.)

Sagababa, resté seul, se gratta la tête avec colère.

— Et moi te dis que serai ton négrillon, gros blanc, marmotta-t-il à voix basse ; tu plais à Sagababa et il dit : « maître à moi est à moi. » Quoi faire ? Oh ! une idée !…

Le petit nègre se glissa dans la chambre de Philéas, et l’on n’entendit plus rien…

Au bout de dix minutes, Philéas parut à la porte de Polyphème, regardant à gauche et à droite avec inquiétude. La disparition de Sagababa le ravit et