Page:De Pitray - Voyages abracadabrants du gros Philéas, 1890.djvu/116

Cette page n’a pas encore été corrigée

POLYPHÈME, riant. — Bravo ! admirable, cela ! Philéas.

PHILÉAS, avec modestie. — C’est assez bien. Poursuis, Sagababa. Tu racontes très bien et pas longuement.

SAGABABA. — Après, lionne arrive : maître à moi faire : « Xi… xi… » et lance dans gueule…

POLYPHÈME, intrigué. — Encore la cage ?

SAGABABA. — Grosse bouteille sentant fort, fort !

POLYPHÈME, étonné. — Qu’est-ce que c’était, Philéas ?

PHILÉAS. — Mon alcali volatil, parbleu ! je n’avais pas d’autre arme.

POLYPHÈME, éclatant de rire. — Délicieux ! continue, petit.

SAGABABA. — Lionne danser, avaler alcali, mâcher verre et faire « couic ! » comme lion, voilà.

POLYPHÈME. — Mais c’est magnifique, ça, Saindoux, vous valez votre pesant d’or, mon ami ! Voilà une manière tout à fait à part de tuer les lions ! Gérard n’y avait pas encore pensé.

PHILÉAS. — Pour du mérite j’en ai, mais je vous avoue, mon bon Tueur, que je suis impatient d’organiser avec vous le transport de mes lions à Blidah. Faisons ça vite ! il me tarde d’envoyer leurs dépouilles à M. le Vicomte.

On partit promptement avec des mulets qui devaient porter les corps des bêtes féroces ; une multitude d’Arabes escortaient Polyphème et Philéas, se faisant raconter par ce dernier ce qui venait d’arriver ; Saindoux rayonnait ! ses grosses joues se gonflaient avec bonheur, sa démarche était majestueuse