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— Vous mort, beau blanc ? cria Sagababa d’une voix lamentable.

— Pas encore, répondit Saindoux d’une voix entrecoupée, mais je crois… que… ça ne tardera…

Il s’interrompit en poussant un nouveau cri de frayeur ; le lion venait de bondir contre le rocher et ses énormes griffes avaient presque touché Saindoux.

Philéas, épouvanté, voulut charger son fusil et tirer sur son ennemi ; quelle ne fut pas sa consternation en voyant qu’il avait oublié ses cartouches ! Il se lamentait tout haut lorsqu’il s’interrompit en se frappant la tête avec joie.

— Vous fou, beau blanc ? cria Sagababa effrayé, du haut de son arbre.

— Moi homme de génie, petit bêta, répondit Philéas avec orgueil. Tu ne veux pas te taire, toi, le rugisseur ? Braille, va, scélérat ! tu ne t’attends pas à mon invention…

En disant ces mots, il détacha de son dos la cage où se trouvait fifi-mimi.

— Brave armurier ! reprit-il en examinant avec satisfaction les barreaux d’acier ; il a fait la chose en conscience ! Allons, fifi-mimi, sors de là, mon cher. Viens ! (Il le pose sur sa tête.) Tiens-toi bien et ne dégringole pas, ou tu es perdu !

Le lion rugit…

Philéas. — Je suis prêt, mon brave. Allons, saute par ici. (Il met la cage au bout de son fusil et l’y fixe.) Y es-tu ? Xi… Xi… au chat !… au chat !… pschit…

Le fauve, exaspéré par les cris de Saindoux,