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XXVIII



Mon doulz ami, vueilliez moy pardonner,
Se je ne puis, si tost com je vouldroye,
Parler a vous, car ainçois ordener
4Me fault comment sera, ne par quel voye.
     Car mesdisans me vont gaitant
Qui du meschief et du mal me font tant,
Que je ne puis joye ne bien avoir,
8Pour le desir que j’ay de vous veoir.

Si pry a Dieu qu’il leur vueille donner[1]
La mort briefment ; car leur vie m’anoye,
Pour ce qu’en dueil me font mes jours finer[2]
12Sanz vous veoir, ou est toute ma joye :[3]
     Car ilz se vont entremettant
De moy gaitier nuit et jour, mais pourtant
Ne vous oubli, ce pouez vous savoir,
16Pour le desir que j’ay de vous veoir.

Mais ne sçaront ja eulx si fort pener,
Que, maugré tous, bien briefment ne vous voie.
Car tant feray, se g’y puis assener,
20Que vous verray, quoy qu’avenir m’en doye,
     Et vous feray savoir quant.[4]
Mon doulz ami, deportez vous atant.
Car g’y mettray peine, sachiez de voir,
24Pour le desir que j’ay de vous veoir.

  1. 9-16 : Manquent dans A2.
  2. B Car en grief d. me f. m. j. mener
  3. B S. veoir v.
  4. Sic A B ; corr. [as]sa voir ?