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J’oy tant de bien de vous dire en tous lieux
Que par raison devroye estre reprise
28De reffuser ami si gracieux.



XXIII



Bien doy louer Amours de ses biens fais,
Qui m’a donne ami si trés parfait,
Qu’en trestous lieux chascun loue ses fais
4Et sa beaulté, sa grace et tout son fait,
Qu’il n’a en lui ne blasme ne meffait ;[1]
Dieu l’a parfait en valeur et en grace,
N’on ne pourroit mieulx vouloir par souhait ;[2]
8Certes c’est cil qui tous les autres passe.

Et avec ce qu’il est sur tous parfais,
Et que son bien est en mains lieux retrait,
Pour moy servir porte tous pesans fais,
12Et m’aime et craint plus que riens sanz retrait ;
Ne paour n’ay d’y trouver ja faulz trait.
Car il est tel que trestous maulx efface
De son bon cuer, ou il n’a nul forfait.
16Certes c’est cil qui tous les autres passe.

Si a mon cuer du tout a lui attrais
Qui est tout sien, c’est bien raison qu’il l’ait ;
Car tout acquis l’a par ses trés doulx trais ;
20Et vrayement si en mon cuer portrait
Est son gent corps, qu’il n’en sera fors trait
Jamais nul jour, se ma vie ne passe ;
Car sanz mentir dire puis tout a fait :
24Certes c’est cil qui tous les autres passe.

  1. B Il
  2. A1 Ne on