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XXII



Tant avez fait par vostre grant doulceur,
Trés doulz ami, que vous m’avez conquise.
Plus n’y convient complainte ne clamour,
4Ja n’y ara par moy deffense mise.
Amours le veult par sa doulce maistrise,
Et moy aussi le vueil, car, se m’ait Dieux,
Au fort c’estoit folour quant je m’avise
8De reffuser ami si gracieux.

Et j’ay espoir qu’il a tant de valour[1]
En vous, que bien sera m’amour assise,
Quant de beaulté, de grace et tout honnour
12Il y a tant que c’est drois qu’il souffise ;
Si est bien drois que sur tous vous eslise :
Car vous estes digne d’avoir trop mieulx,[2]
Et j’ay eu tort, quant tant m’avez requise,[3]
16De reffuser ami si gracieux.

Si vous retien et vous donne m’amour,
Mon fin cuer doulz, et vous pri que faintise
Ne soit en vous, ne nul autre faulx tour ;[4]
20Car toute m’a entierement acquise
Vo doulz maintien, vo maniere rassise,[5]
Et vos trés doulz amoureux et beaulz yeux.
Si aroye grant tort en toute guise
24De reffuser ami si gacieux.

Mon doulz ami, que j’aim sur tous et prise,

  1. A1 Et j. espour
  2. B C. v. e. bien d. d. m.
  3. A Et je ay ; B Si ay
  4. B Ne treuve
  5. A1 Vou d. m vou m.