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XVI



Qui vivement veult bien considerer
Ce monde cy ou il n’a joye entiere,
Et les meschiefs qu’il fault y endurer,[1]
4Et comment mort vient qui tout met en biere,
Qui bien penser veult sus ceste matiere,
Il trouvera, s’il a quelque grevance,
Que sur toute reconfortant maniere,
8C’est souvrain bien que prendre en pacience.

Puis qu’ainsi est qu’on n’y puet demorer,[2]
Pourquoy a l’en ceste vie si chiere ?
Et une autre convient assavourer,
12Qui aux pecheurs ne sera pas legiere.
Si vault trop mieulx confession plainiere[3]
Faire en ce monde, et vraye penitence ;
Et qui ara la penance trop fiere,[4]
16C’est souvrain bien que prendre en pascience.

Chascun vray cuer se doit enamourer
De la vraye celestiel lumiere,
Et du seul Dieu que l’en doit aourer.
20C’est nostre fin et joye derreniere :[5]
Qui sages est, autre solas ne quiere,
Tout autre bien si n’est fors que nuisance,
Et se le monde empesche ou trouble arriere,
24C’est souvrain bien que prendre en pascience.

  1. B1 q. y f. e.
  2. A1 P. que a.
  3. B c. entiere
  4. B Et q. a penitence
  5. A1 derrenier