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Car le plus preux l’avoit ou le plus sage.[1]
Pour ce pluseurs, qu’yci pas je ne nomme,
12S’efforçoient d’en avoir l’avantage ;
Bien y paru, car de hardi visage
Domterent ceulz d’Auffrique en leur regné,
Dont maint furent, au retour de Cartage,
16Digne d’estre de laurier couronné.

Ce faisoit on jadis ; mais une pomme
Ne sont prisié en France, c’est domage,
Adès les bons, mais tous ceulz on renomme
20Qui ont avoir ou trés grant heritage.
Mais par bonté, trop plus que par lignage,
Doit estre honneur et pris et loz donné[2]
A ceulx qui sont, pour leur noble corage,
24Digne d’estre de lorier couronné.

Princes, par Dieu c’est grant dueil et grant rage
Quant les biens fais ne sont guerredonné
A ceulx qui sont, au dit de tout lengage,
28Digne d’estre de lorier couronné.



III



Quant Lehander passoit la mer salée,
Non pas en nef, ne en batel a nage,
Mais tout a nou, par nuit, en recellée,
4Entreprenoit le perilleux passage
Pour la belle Hero au cler visage,
Qui demouroit ou chastel d’Abidonne,[3]
De l’autre part, assez près du rivage ;

  1. B et le p.
  2. B loz et p.
  3. A1 de Bidonne