Page:De Pisan - Œuvres poétiques, tome 1.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais du grant dueil qui me tient morne et coye
Puis bien parler assez et a plenté ;
Si en diray : voulentiers plus feroye
16Pour acomplir leur bonne voulenté.

Et qui vouldra savoir pour quoy efface
Dueil tout mon bien, de legier le diroye :[1]
Ce fist la mort qui fery sanz menace
20Cellui de qui trestout mon bien avoye ;
Laquelle mort m’a mis et met en voye
De desespoir ; ne puis je n’oz santé ;[2]
De ce feray mes dis, puis qu’on m’en proie,[3]
24Pour accomplir leur bonne voulenté.

Princes, prenez en gré se je failloie ;
Car le ditter je n’ay mie henté,
Mais maint m’en ont prié, et je l’ottroye,
28Pour accomplir leur bonne voulenté.



II



Ou temps jadis, en la cité de Romme,
Orent Rommains maint noble et bel usage.
Un en y ot : tel fu que quant un homme
4En fais d’armes s’en aloit en voyage,
S’il faisoit la aucun beau vasselage,[4]
Après, quant ert a Romme retourné,[5]
Cellui estoit, pour pris de son bernage,
8Digne d’estre de lorier couronné.

De cel’ honneur on prisoit moult la somme ;

  1. B voulentiers le
  2. A1 despoir
  3. A que on
  4. B et la f.
  5. B Et puis s’en feust a