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à cette pièce la date de 1399. Nous pensons donc que c’est dans un intervalle d’au moins cinq ou six années qu’ont dû être composés la plupart de ces morceaux poétiques. Il était d’ailleurs d’usage à cette époque de réunir ainsi des pièces détachées, inspirées dans les circonstances les plus diverses et traduisant les impressions les plus opposées. On les rassemblait en nombre suffisant pour former un livre sous la rubrique « Cent Ballades ». C’est ainsi que la cour d’amour de Louis d’Orléans nous a donné le livre des Cent Ballades[1], et que notre poète lui-même, comme nous l’avons annoncé plus haut, a désigné sous un titre analogue ses Ballades « d’Amant et de Dame ».

Dès les premiers vers Christine nous prévient qu’elle cède à de pressantes sollicitations et que ses poésies refléteront la douleur qui s’est emparée d’elle depuis la mort de celui en qui consistait tout son bonheur ; « Seulette », tel est l’écho de ses vers !

Les premières ballades sont en effet empreintes de la plus profonde tristesse, et l’auteur semble se complaire à retracer longuement ses regrets amers et son désespoir, mais à partir de la vingt-et-unième ballade la veuve éplorée, s’abandonnant à des inspirations plus séduisantes, élève ses pensées vers les régions de l’amour le plus pur, et peint avec une exquise sensibilité les sentiments si divers qui peuvent agiter les

  1. Le livre des Cent Ballades, publié par M. le marquis de Queux de Saint-Hilaire, Paris, 1868.