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Si que j’amende,
Vueille le mien et de joye laissier.
Humble pitié a ce vueille plaissier
Vo bon vouloir pour mon mal abaissier,
Joye me rende,

Et entendis qu’Amours pour ma besongne
S’employera, belle, sanz faire alongne,
A celle fin qu’encor mieulx vous tesmongne
Que je dis voir,
Vueillez, m’amour, sans en avoir vergongne,
Me commander que pour vous m’embesongne
En quelque cas, ne point n’en ait ressongne
Vo bon vouloir,
Car je vous jur que se daignez avoir
Fiance en moy si que peusse savoir
Aucune riens qui vous pieust, tant valoir
Toute Bourgongne,
Se moye estoit, ne me pourroit d’avoir
Com se de vous peusse recevoir
Aucun command, car a aultre chaloir
Mon cuer ne songne.

Plus ne vous sçay que dire, belle née :
Tout vostre suis, non pas pour une année
Tant seulement, mais tant que soit finée
Ma vie lasse.
Si vous plaise que paix me soit donnée
De la guerre d’amours qu’ont ordenée[1]
Voz trés doulx yeulx et beauté affinée.
Dieu par sa grace
Vous doint joye et tout bien, et a moy face
Tant de bonté que puisse en quelque place
Faire chose dont je soye a vo grace.

  1. 182 A1 que ont