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Or y pensés, pour Dieu, trés belle née,
Dame d’onnour en ce monde ordonnée,
Pour ma plaisant joyeuse destinée,
De qui je port
Emprainte ou cuer, toute heure de l’année,
La trés plaisant face escripte et signée,
Et vo beauté parfaicte et affinée,
Et le doulz port
De vo gent corps, lequel est le droit port.
Ou joye maint et plein de doulz aport,
En qui je prens mon savoureux déport ;
Et deffinée
Soit ma dolour du tout et tel raport
Vo trés doulz oeil, a qui je me raport,
Me facent tost que tout mon mal enport
En brief journée.
Trés doulce flour, de qui fault que j’atende
Le doulz vouloir, a vous me recommande
Trés humblement et vo cuer pri qu’entende[1]
M’umble requeste,
Et a garir mon mal amoureux tende
Humble pitié, qui envers moy s’estende,
Si que soulas qu’ay tout perdu me rende[2]
Et joye et feste.
Adonc sera souvie ma requeste,
Et m’esperance amoureuse et honneste.
Si pry a Dieu qu’a ce vous face preste,
Et vous deffende
De tout anuy, et vous doint sanz arreste
Tous voz désirs et longue vie preste
A vo beau corps, et puis a Famé apreste
Legiere amende.


Explicit Complainte amoureuse.
  1. I. — 227 A2 a vo c.
  2. — 231 A2 Et q.