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COMPLAINTES AMOUREUSES



I


Doulce dame, vueillez oïr la plainte
De ma clamour ; car pensée destraintte
Par trop amer me muet a la complainte
De mon grief plour
Vous regehir, si ne croiez que faintte[1]
Soit en nul cas ; car friçon, dont j’ay mainte
Et maint grief dueil me rendent couleur tainte
Et en palour.
Chiere dame, dont me vient la dolour,
Par qui Amours trembler, en grant chalour,
Me fait souvent, dont j’ay vie et coulour
Par fois estaintte.
Mon piteux plaint ne tenez a folour,[2]
Pour ce qu’en vous il a tant de valour ;
Car je sçay bien, du dire n’ay coulour.
Mais c’est contrainte.

Dame sanz per, et sanz vous décevoir
Il m’est besoing de vous faire assavoir

  1. I. — 5 B et ne c.
  2. — 13 A1 ne teniez