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Le fillé ou je me boute,
Pour ce, tout soit ce a mesaise,
Je m’en mettre a mon aise.

J’ay ja plouré mainte goute[1]
Pour toy pluseurs jours de route ;
Mais, se ton cuer ne m’apaise,
Je m’en mettre a mon aise.



XLVII


Belle plaisant, sur toutes trés amée,
De tout mon cuer ma souvraine maistresce,
Appercevez que, plus que chose née,
Vous aims et crains et vous sers en humblesce,
Et pour ce, oster le mal qui tant me blesce
Vous plaise tost et ouÿr ma clamour,
Et me vueillez ottroyer vostre amour.

Et se par vous m’est tel joye donnée
Vous me mettrés en la voye et adresce
D’estre vaillant, et bien guerredonnée[2]
Sera toute ma paine et ma destresce.
Or le faittes, ma souvraine princesce,
Sy n’y mettez plus dongier ne demour,
Et me vueillez ottroyer vostre amour.

Mon fin cuer doulx, ma dame redoubtée,
Retenez moy, car je vous fais promesce
Que vostre honneur sera par moy gardée
Entierement, et tousjours sans paresce
Vous serviray com ma doulce déesse ;

  1. XLVI. 22 A2 Car j’ay p.
  2. XLVII. — 10 A1 guerdonnée