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En qui tousjours, sanz ja estre desprise,
Soit, sanz cesser, toute joye mondaine.

Et s’il vous plaist, trés poissant, vraie et fine,
Que vostre grant haultece un petit lise
En mon dittié, et vo sens détermine
De la cause qui est en termes mise.
Mieulx en vauldra en tout cas mon emprise.
Si en jugiez, princepce trés hautaine,
A qui Dieux doint grace qu’en toute guise[1]
Soit, sanz cesser, toute joye mondaine.

Haulte, poissant et pleine de franchise,
Trés humblement a vo valeur certaine
Me recomand en qui trouvée et quise
Soit, sanz cesser, toute joye mondaine.



RONDEL


Mon chier seigneur, soiez de ma partie
Assaille m’ont a grant guerre desclose
Lez allez du Romans de la Rose
Pour ce qu’a eulx je ne suis convertie.

Bataille m’ont si cruelle bastie
Que bien cuident m’avoir ja presqu’enclose,
Mon chier seigneur, soiez de ma partie.

Pour leur assaulz ne seray alentie
De mon propos, mais c’est commune chose
Que l’en cuert sus a qui droit deffendre ose ;
Mais se je suis de sens pou avertie,
Mon chier seigneur, soiez de ma partie.

  1. XXXVI. — 23 A1 A q. d. d.