Page:De Pisan - Œuvres poétiques, tome 1.djvu/298

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le doulz regard que voz yeulz enfermé
Ont dedens lui ; riens n’est qui Fen ostast,
Ne le parler et le gracieux tast
Des doulces mains qui, sanz lait desplaisir,
Vueillent partout encerchier et enquerre,
Mais quant ne puis de mes yeulz vous choisir
Vostre doulceur me meine dure guerre.

Trés bel et bon, qui mon cuer vient saisir,
Ne m’oubliez, ce vous vueil Je requerre ;
Car, quant veoir ne vous puis a loisir,
Vostre doulceur me meine dure guerre.



XXXVI


(À la reine Isabelle de Bavière.)


Redoubtée, excellent, trés sage et digne,
Noble, vaillant, de hault honneur porprise,
Renommée Royne trés bénigne,
La souvraine des dames que l’en prise,[1]
Je pri cil Dieu, qui sur tout a maistrise,
Qui a ce jour de l’an si bonne estraine
Il vous envoit qu’adès en vous esprise
Soit, sanz cesser, toute joye mondaine.

Ma redoubtée, ou tout le monde encline,[2]
Pour ce que sçay que, comme bien aprise,
Livres amez, moy vostre serve indigne
 Vous envoie cestui ou est comprise
Matière qu’ay en haulte place prise ;
En gré l’aiez, trés noble et de sens pleine,

  1. XXXVI. — 4 A1 souveraine
  2. — 9 A2 Ma trés souvraine