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Victorieux vous fait ou corps les ames,
On vous doit bien de lorier couronner.

Jadis les bons on couronnoit de palmes
Et de lorier en signe de régner ;
En hault honneur et, pour suivre ces termes,
On vous doit bien de lorier couronner.



XXXII[1]


Quant je voy ces amoureux
Tant de si doulz semblans faire
L’un a l’autre, et savoureux
Et doulz regars entretraire,
Doulcement rire, et eulx traire
A part, et les tours qu’ilz font,
A pou que mon cuer ne font !

Car lors me souvient, pour eulx,
De cil, dont ne puis retraire
Mon cuer qui est désireux
Que ainsi le peusse attraire ;
Mais le doulz et débonnaire
Est loings, dont en dueil parfont
A pou que mon cuer ne font !

Ainsi sera langoreux
Mon cuer en ce grief contraire.
Plein de pensers doloureux
Jusques par deça repaire
Cil qu’amours me fait tant plaire ;
Mais du mal qui me confont
A pou que mon cuer ne font !

  1. XXXII. — Manque dans B