Page:De Pisan - Œuvres poétiques, tome 1.djvu/208

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

A vous me rens, si me tiens eüreux
D’estre par vous si doulcement surpris.[1]

On ne pourroit sommer le très grant pris
De voz grans biens qui tant sont savoureux,
Rians vairs yeulx, qui mon cuer avez pris.

Tant estes doulz, plaisant et bien apris,
Qu’ou monde n’a homme si doulereux[2]
Que, s’un regart en avoit doulcereux,
Que tantost n’eust par vous confort repris,[3]
Rians vairs yeulx, qui mon cuer avez pris.



XIX


Tout en pensant a la beauté, ma dame.
Qu’on ne pourroit prisier souffisament.
Ce rondellet ay fait présentement ;
Car mon penser n’est ailleurs, par mon ame.

Se je l’ay fait ne s’en esmerveille ame,
Car survenu m’en est lesentement
Tout en pensant a la beauté, ma dame.

De vraie amour, qui mon cuer tout enflamme,
Est tout venu le doulz enortement[4]
Qui esjoïst mon cuer trop grandement,
Dont suis plus gay que oyselet sus la rame,
Tout en pensant a la beauté, ma dame.

  1. XVIII. — 4 D’e. de v.
  2. — 9 A1 douloureux — 9 B Ou m.
  3. — 11 A2 Q. p. V. n’e. t. c. r.
  4. XIX. — 9 A2 E. tost v.