Page:De Pisan - Œuvres poétiques, tome 1.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais d’une chose l’asseüre,
Puis que je voy qu’il me déçoit,
Que jamais sa regardeüre,
Ne le semblant qu’il me monstroit,

Ne les bourdes dont m’a peüe,
Ne feront tant que je le croie ;
Car oncques mais, se Dieux me voie,
Ne fu tel traïson veüe.[1]
Dieux ! que j’ay esté deceüe !



XIV


Trestout me vient a rebours,
Mal a point et au contraire,
En tous cas, en mon affaire :
Je pers en vain mes labours.

Ce n’est pas de maintenant
Qu’ainsi je suis demenée,
Car dix ans en un tenant
J’ay esté infortunée.

Mal me prent de commun cours
De tout quanque je vueil faire,
Et ce que me devroit plaire
Me deffuit, et a tous tours[2]
Trestout me vient a rebours.

Pour riens me vais soustenant
Puis que Fortune encharnée

  1. XIII. — 21 B t. faulsseté v.
  2. XIV. — 12 A2 Me destruit — B et a t. jours